L’association se veut souvent modeste mais elle peut être fière de la semaine de célébration du centenaire de l’arrivée des Mackintosh dans notre Roussillon, si l’on en croit les participants, venus souvent nombreux, dans les témoignages qu’ils nous adressent.
Notre blog se fera l’écho de ces moments inoubliables dans les semaines à venir. Nous mettrons en ligne un livre d’Or, des articles et albums et une « sorte de Chronique » de chacune de ces journées…
Un superbe prélude nous vient d’Ecosse. Ci-dessous un article rédigé par le barde officiel du clan Mackintosh, écrivain et poète, Paul Saint John Mackintosh qui collabore avec l’association depuis novembre 2022. Il évoque avec talent et émotion ces journées et livre une analyse en profondeur des liens qui se sont tissés ou renforcés entre l’Ecosse, le Roussillon et la Catalogne… Nous le remercions infiniment.
EXCLUSIF – paru dans The National, quotidien écossais – weekend du 30 septembre 2023
L’héritage de Charles Rennie Mackintosh se perpétue en Roussillon
Par Paul St John Mackintosh
Quiconque a assisté à la succession d’événements organisés en Roussillon pour célébrer le centenaire de l’arrivée de Charles Rennie et Margaret Macdonald Mackintosh dans cette région frontalière de la France méditerranéenne sait que « l’Auld Alliance » (l’ancienne alliance) est toujours d’actualité.
Voici la meilleure preuve de l’affection et de l’attachement indéfectibles entre la France et l’Ecosse, ni du respect et de la vénération pour Mackintosh lui-même : une semaine de festivités et de rencontres, des vallées des Pyrénées orientales aux ports de la Côte vermeille, a suivi et prolongé le Chemin de Mackintosh à travers un chapelet de lieux associés aux Mackintosh.
Presque toutes ces destinations sont inscrites dans les aquarelles tardives de Mackintosh, qui ont illustré cette région si photogénique de montagnes verdoyantes, de terre rouge, de rochers austères et de mers claires et scintillantes, dans son style très caractéristique.
Mackintosh a déclaré avoir passé ici les jours les plus heureux de sa vie et a fait disperser ses cendres sur la mer à Port-Vendres, conformément à ses souhaits. Margaret, distinguée pour son œuvre propre, enrichit encore l’histoire.
Le chemin Charles Rennie Mackintosh en Roussillon, inauguré en 2005, comprend aujourd’hui sept villes et sites illustrés par 30 aquarelles de l’artiste, ainsi que trois centres d’interprétation (en fait de mini-expositions) à Amélie-les-Bains-Palalda, Bélesta et Port-Vendres. Presque tous les lieux, ainsi que d’autres localités, ont participé aux célébrations du centenaire, dont beaucoup ont été organisées par des bénévoles.
J’y ai participé en tant qu’auteur d’un sonnet célébrant le séjour de Mackintosh dans le Roussillon et d’autres travaux sur l’artiste (et en tant que poète désigné du clan Mackintosh), mais je n’étais certainement pas le seul.
Des universitaires d’Écosse, de France et de Catalogne se sont réunis pour un colloque scientifique d’une journée sur Mackintosh à l’université de Perpignan, dans la capitale historique de la Catalogne française, un délice crénelé de cours pavées et de ruelles sinueuses…
D’autres écrivains inspirés par Mackintosh et l’histoire culturelle de la région ont également participé à ces journées. De simples touristes écossais qui avaient entendu parler des événements ont rejoint le public, aux côtés de partisans locaux enthousiastes et engagés. Toutes les manifestations auxquelles j’ai assisté faisaient salle comble.
Les souvenirs de la ‘Auld Alliance’ perdurent en France et l’image romantique de l’Écosse est forte. Mais c’est surtout dans le Roussillon que l’on peut voir des affinités plus étroites.
Il s’agit d’une région frontalière encore marquée par des tensions séculaires entre la France et l’Espagne. Le célèbre architecte militaire français Vauban a laissé des forteresses et des fortifications dans de nombreux sites concernés par le centenaire.
Des tours pittoresques se découpent sur les panoramas de nombreux sommets du Roussillon, comme des sentinelles qui surveillent la frontière avec l’autre pays. Si l’on ajoute les vallées étroites et escarpées des Pyrénées orientales, les parallèles avec l’Ecosse de Walter Scott et les « Border Ballads » sont évidents.
L’enthousiasme de la région pour Mackintosh a également un aspect plus contemporain. La Catalogne française partage sa langue et sa culture propre avec la Catalogne espagnole située juste au-delà de la frontière et les deux régions se définissent fortement par leur culture, en opposition à leurs respectives hégémonies métropolitaines, parisienne et madrilène.
Il ne s’agit pas nécessairement d’un esprit particulièrement farouche ou séparatiste, mais bien d’un esprit de fierté et d’affirmation où les petites communautés culturelles et linguistiques marquent leur identité et leur spécificité. Les catalans, les français et les espagnols se reconnaissent dans les Écossais. Interdits d’arborer leur drapeau catalan lors de certains matchs de football dans le centre de l’Espagne, les supporters du FC Barcelone ne se privent pas de brandir le « Saltire » écossais. L’identification à la nation écossaise est aussi profonde que cela. Et Mackintosh, en tant qu’ambassadeur culturel de l’Écosse vers le Roussillon, est devenu une icône de cette identification.
Les héros culturels de toutes sortes sont un autre domaine où Français et Écossais trouvent un espace commun. Les références constantes à Mackintosh sur les bâtiments et les panneaux d’affichage de Glasgow montrent à quel point il occupe désormais une place importante dans l’iconographie nationale, aux côtés de Robert Burns et de Scott.
De même, les français ont tendance à vénérer leurs artistes et leurs écrivains bien plus que ne le font les anglais. Dans le sud de la France, les Mackintosh ont rejoint une constellation d’artistes, de Picasso et Dalí à Braque, Soutine, Dufy et Maillol, qui ont travaillé dans la région et enrichi son patrimoine culturel.
Ce n’est pas un hasard, mais un bonheur supplémentaire pour les amateurs d’art, que le Musée d’Art Moderne de Céret possède une collection exceptionnellement riche de chefs-d’œuvre cubistes et d’art Moderne, peints par des artistes qui ont travaillé et vécu ensemble dans la région. Et bien sûr, les Français aiment les héros culturels – héros solitaires en exil – et les grandes histoires d’amour entre artistes, alors avec Mackintosh en France et Margaret à ses côtés, ils ont les deux.
Enfin, il existe un parallèle très heureux entre le Roussillon et l’Ecosse : la tradition d’hospitalité. Tout visiteur qui a déjà eu l’impression que la réputation parisienne d’arrogance et d’impolitesse était bien méritée sera ravi du chaleureux accueil méridional dans le Roussillon – surtout s’il se définit comme écossais. Personnellement, j’ai hâte de suivre la piste Mackintosh.
Le Festival du Centenaire de Charles et Margaret Mackintosh en Roussillon a été organisé par l’Association bénévole Charles Rennie Mackintosh en Roussillon, en partenariat avec l’Université de Perpignan Via Domitia, la Société de Recherche sur les Sociétés et Environnements Méditerranéens (CRESEM), les villes d’Amélie-les-Bains-Palalda, Bélesta, Bouleternère, Collioure et Port-Vendres, le Département des Pyrénées-Orientales, et la Communauté de Communes des Pyrénées Catalanes.
Paul StJohn Mackintosh est un écrivain et poète résidant en France.
TOSI
4 Oct 2023Un très beau texte poétique et historiquement bien documenté. Ne pourrait-on pas jumeler Port-Vendres à une cité Ecossaise ? Pour ma part, après avoir visité une parte de l’ Ecosse, J’ai hâte d’y retourner, notamment à Glasgow et Rosslyn.
J’ai dit .°.
Bruno
administrateur
5 Oct 2023Merci Bruno pour vos commentaires et votre suggestion pertinente mais le jumelage dépend de la mairie
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